vous êtes complètement idiots.
Il y a plus de vingt mille signatures pour une pétition qui ne dit rien d’autre que des contre-vérités. Vous vous laissez manipuler par des inconnus : vous êtes complètement idiots.
Qu’a donc la communication dans les réseaux sociaux qui la rend digne de confiance, vraisemblable, per se ? Sociologues d’aujourd’hui : voilà un sujet intéressant !
Il y a quelque chose d’immédiat, quelque chose d’irréfléchi, quelque chose qui provoque une réaction urgente et maladroite, car elle n’est pas analysée, confrontée à d’autres sources.
On ne veut plus rien découvrir, car découvrir quelque chose par nous même fatigue, salit, épuise.
Maintenant nous voulons qu’on nous dise à quoi nous devons adhérer et à quoi nous devons dire non. Et c’est toujours pareil : une petite signature ou un j’aime ou je n’aime pas. En somme : que cela ne nous demande pas d’effort.
Vous ne réfléchissez pas dans la solitude (« personne n’a de temps », haha, je me marre) sur les conséquences de votre adhésion à certains mouvements qui dans le fond peuvent même être un attentat à la liberté d’expression. Comme, par exemple, essayer de faire interdire une performance.
Et je vous révèle (puisque je remarque que vous ne vous en êtes pas encore rendus compte) que dire j’aime ou je n’aime pas ou signer par internet n’est pas une action réelle. C’est un acte de paresse de la par de lâches.
Condamner par internet n’est pas une action, la bataille a lieu sur le champ de bataille. Et vous voulez participer à la bataille sans décoller le cul de votre fauteuil. Vous êtes complètement idiots.
Dire j’aime ou je n’aime pas ou signer une lettre qui déambule comme une folle sur la toile c’est signaler que vous vous conformez à une existence de FANTÔMES. Votre photo sur votre carte d’identité : un drap sur un tas amorphe.
Vous dites j’aime d’un concert que vous n’avez pas vu, qui s’est joué à des milliers de kilomètres de vous. Mais vous n’en n’avez vu quelques secondes en vidéo…
Vous dites je n’aime pas d’une information que vous n’avez pas analysée, de choses auxquelles vous n’avez pas assisté, vous vous laissez diriger par le Dieu réseaux sociaux et je ne sais plus quelle religion est la pire de toutes. Vous ne vous rendez pas compte que vous reproduisez les fanatismes insensés que vous critiquez ?
Et maintenant droit au but, la pétition d’interdiction de ma pièce.
Qu’est-ce que c’est cette histoire de poisson dans un mixeur dans une de mes pièces ? Raconté ainsi, on sous-entend que j’ai broyé un petit poisson dans un mixeur devant le public. J’aurais honte et serais dégouté de moi-même si je faisais une telle chose (même si je le tolèrerais chez d’autres artistes, que je considère libres et responsables. Si je vois ça dans une performance, je m’en vais en silence parce que je ne veux pas le voir et c’est tout).
Eh bien : je n’ai jamais tué aucun poisson dans un mixeur. Et voilà que je reçois des menaces de personnes qui me disent : on devrait de te faire la même chose. Ces personnes extrêmement violentes sont, avant tout, j’insiste, complètement idiotes. Ils croient ce qui est écrit dans une lettre qui circule comme une folle sur la toile.
Et à propos des hamsters dans ma pièce Mickey (qui sont aussi montrés du doigt dans la fameuse pétition) : oui, c’est vrai, il y a 4 hamsters qui nagent dans un aquarium.
L’acteur les placent dans l’eau et laisse que chacun nage pas plus de 10 secondes et les retire de l’eau à la vue du public, qui constate que les hamsters sont exactement pareils qu’avant sauf qu’ils sont mouillés, comme quand il pleut et qu’ils se mouillent, comme quand ils se promènent dans les égouts de la ville et qu’ils doivent nager si l’eau les emporte.
Et maintenant passons au sujet du homard.
Dans ma performance ACCIDENS l’acteur tue et cuisine un homard exactement comme le lui a enseigné le chef du restaurant La Rula dans la localité de Lastres en Asturies, Espagne.
Ensuite il le cuisine à la poêle et il le mange.
Je veux dire que si dans le monde, sur les tables des restaurants, (et dans les maisons aussi, moi par exemple je les cuisine et les mange à la maison, ce qui est deux fois moins cher) meurent environ cent mille homards par jour, il se trouve que le seul qui le fait pour une cause poétique c’est le nôtre (parce qu’on les pêche pour les manger, les gens ne les prennent pas comme animaux de compagnie).
Et ça, ça vous dérange terriblement.
Ça vous embête que nous nous exprimions librement.
Vous portez un dictateur en vous et vous ne me faites pas pitié.
Rappelez-vous que ma performance ACCIDENS porte un sous-titre : tuer pour manger. A vous, les animaux vous arrivent sur la table déjà morts et même cuisinés. Vous écoutez du disque de la vie seulement la face A.
Vous êtes complètement idiots.
Rodrigo García